Les troubles du sommeil pendant la grossesse

Le sommeil pendant le premier trimestre de la grossesse

Les femmes enceintes rapportent une somnolence diurne, une fatigue, et des siestes plus fréquentes à partir de la dixième semaine de grossesse. Une augmentation de la durée du sommeil de nuit, une plus longue durée d’endormissement et une plus longue durée de veille après l’endormissement sont également rapportées. Au total, la qualité du sommeil est moins bonne et la durée de sommeil lent profond diminue en début de grossesse.

Ces troubles sont essentiellement dus aux modifications hormonales survenant pendant le premier trimestre de la grossesse, augmentation majeure de la progestérone libérée par le plasma, augmentation de la sécrétion d’œstrogènes dès le début de la grossesse pour atteindre un pic en fin de grossesse.. A cela s’ajoutent les facteurs de stress lors d’une première grossesse ou d’une grossesse inattendue.

Le sommeil pendant le second trimestre de la grossesse

Dans la plupart des cas, le sommeil s’améliore subjectivement et objectivement durant la grossesse. La plupart des femmes enceintes indiquent être moins fatiguées et avoir plus d’énergie, probablement en rapport avec une certaine stabilisation des taux hormonaux durant la grossesse.. La qualité du sommeil s’améliore et la durée de veille et d’insomnies après endormissement diminue.

Certaines femmes enceintes, cependant, peuvent éprouver une perturbation de leur sommeil en rapport avec un ronflement, des brûlures d’estomac, des contractions utérines irrégulières, des mouvements du fœtus, des crampes, des impatiences des membres inférieurs

Le sommeil pendant le troisième trimestre de la grossesse

La grande majorité des femmes enceintes rapportent de très nombreux éveils et insomnies au fur et à mesure qu’elles s’approchent de la 40ème semaine de grossesse. L’architecture du sommeil en fin de grossesse est modifiée. On observe un allongement du délai d’endormissement durant le troisième trimestre de la grossesse, une efficience du sommeil nettement diminuée, plus d’éveils nocturnes et d’insomnies, une augmentation du sommeil léger (stades 1 et 2 du sommeil lent), une diminution du sommeil profond (stade 3 du sommeil lent) et en général une diminution du sommeil paradoxal.

Ces modifications du sommeil sont surtout en rapport avec l’accroissement de la taille de l’utérus et les fluctuations des niveaux hormonaux.. La plupart des femmes enceintes se plaignent de mictions plus fréquentes, de céphalées, de crampes d’estomac, d’éveils spontanés et de fatigue, auxquels s’ajoutent les,mouvements du fœtus, une respiration courte et d’autres gênes. A noter de plus, des rêves d’angoisse, une anxiété à l’approche du travail et de l’accouchement, des troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire.

Le sommeil après la grossesse

Les douleurs, les contractions utérines, l’administration de médicaments se conjuguent pour aboutir à une privation de sommeil pendant le travail et immédiatement après la naissance. Des chercheurs britanniques de l'Université de Warwick ont constaté après une étude, une diminution moyenne du temps de sommeil de 40 minutes par nuit, après une grossesse, la première année suivant la naissance de leur enfant ¹.

Une autre étude britannique relayée dans “The Guardian” en janvier 2019 démontre la diminution du temps et de satisfaction du sommeil jusqu’à 3 mois après l’accouchement ².

Elle révèle que ces troubles du sommeil affecteraient les deux parents jusqu’à 6 ans après la naissance de leur premier enfant.

Les troubles du sommeil pendant la grossesse

L’insomnie associée à la grossesse

Elle se définit par une difficulté à s’endormir ou à demeurer endormie, des réveils précoces et par les conséquences de ce mauvais sommeil dans la journée. Les femmes enceintes peuvent éprouver une combinaison variable de ces différents symptômes durant la grossesse.

Un traitement adapté suppose une bonne identification des causes de l’insomnie chez la femme enceinte. Il n’y a pas de traitement passe-partout de l’insomnie durant la grossesse. D’une façon générale il est préférable de ne pas recourir à des médicaments et, dans les cas où elle est indiquée, de recourir à une thérapeutique cognitivo-comportementale, de type Therasomnia, associant hygiène du sommeil, réduction de la durée passée au lit, contrôle du stimulus, approche cognitive et dans certains cas relaxation.

La somnolence diurne excessive durant la grossesse

La somnolence diurne correspond à un besoin incontrôlable de sommeil. Elle est une manifestation précoce et normale de la grossesse. La meilleure approche de ce trouble est celle de siestes réparties tout au long de la journée.

Les troubles respiratoires liés au sommeil lors de la grossesse

Les apnées au cours du sommeil, suspensions multiples de la respiration pour des durées supérieures à 10 secondes, peuvent survenir au cours de la grossesse. Un traitement par ventilation nocturne en pression positive est parfois nécessaire pour passer le cap de la grossesse.

Les impatiences des membres inférieurs durant la grossesse

Elles se caractérisent par un besoin irrésistible de bouger les membres inférieurs, majoré lors du coucher et cédant à la marche. Elles peuvent être accompagnées de mouvements périodiques des membres inférieurs dans le sommeil généralement associés à des éveils répétés durant la grossesse. Il est préférable d’éviter les médicaments ou, à la limite, de recourir à un traitement par le fer en cas de troubles majeurs du sommeil lorsque la femme enceinte souffre de ce trouble du sommeil.

Les crampes pendant la grossesse

Elles sont particulièrement fréquentes chez la femme enceinte. Lorsqu’elles surviennent pendant le sommeil elles provoquent un éveil soudain accompagné de tension douloureuse du pied ou de la jambe. Un traitement par vitamine B mérite d’être essayé durant la grossesse.

Reflux gastro-oesophagien au cours de la grossesse

Il est caractérisé par un reflux du contenu gastrique dans l’œsophage, en particulier après un repas abondant ou avec certains aliments. Il faut conseiller des repas légers distribués dans la journée et un coucher en position semi-assise. Une possibilité thérapeutique est celles d’anti-acides qui comportent un très faible risque pour le fœtus pendant la grossesse.

¹ https://academic.oup.com/sleep/article/42/4/zsz015/5289255 / Long-term effects of pregnancy and childbirth on sleep satisfaction and duration of first-time and experienced mothers and fathers David Richter Michael D Krämer Nicole K Y Tang Hawley E Montgomery-Downs Sakari Lemola.

² https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2019/feb/26/parenthood-sleep-deprivation-after-birth-mothers-hit-hardest-research/ New parents face up to six years of sleep deprivation, study says.